Le Théâtre

Une Façon de Rencontrer la Vie

 

6 min de lecture

 

 

C’est comme si cette histoire n’avait pas de début, comme si elle avait toujours existé ou qu’elle avait commencé longtemps avant que je ne sois né.

 

L’article d’aujourd’hui est dédié à ma passion, celle qui m’habite depuis toujours et qui n’a cessé de vibrer à l’intérieur de moi, le théâtre.

 

Laisse-toi porter et embarque avec moi dans une fiction plus que réelle.

 

À la fin de cet article, tu auras toi aussi envie de faire partie de l’aventure.

 

 

AVANT MÊME DE MARCHER

 

Impossible de me souvenir de ça. Mais lorsque j’entends ma famille me raconter ces histoires, elles coulent de source et elles expliquent certainement pourquoi cette passion fait partie de moi. “Ton grand-père te prenait dans ses bras et t’emmenais dans les soirées mondaines.” “Avant même que tu aies un an tu as traîné dans les coulisses de dizaines de théâtre avec tes parents.”

 

Ces idées me plaisent tellement qu’elles prennent la forme d’un souvenir dans ma tête. D’un souvenir ou d’un rêve lointain qui aurait toujours existé et qui se répèterait soir après soir.

 

LE THÉÂTRE COMME THÉRAPIE

 

Dans la cour d’école, j’étais souvent celui qui était tout seul avec son livre ou simplement à gambader sans trop savoir à qui parler. Ne nous méprenons pas, j’étais heureux, mais j’ai toujours eu une certaine anxiété à chaque fois qu’il fallait parler en public. Et le public cela pouvait également être les autres camarades.

 

J’avais beau avoir envie de jouer avec eux, pour une certaine raison je n’y allais pas ou alors si j’y allais, j’étais tellement réservé et anxieux à l’idée de parler devant eux et de demander à jouer que je parlais à une vitesse si folle qu’ils ne me comprenaient qu’une fois sur deux.

 

Je ne jouais donc avec eux qu’une fois sur deux.

 

On pourrait croire que pour faire du théâtre il est plutôt nécessaire d’aimer son corps totalement, de se faire confiance et d’être plutôt extraverti. Et si c’était plutôt le contraire? Et si, pour faire du théâtre, il fallait passer par ces moments qui sont peut être gênant du point de vue d’un enfant mais aussi nécessaire à l’apprentissage?

Continue à lire et tu comprendras ce que je veux dire.

 

 

RENCONTRE AVEC MES PREMIERS PROFESSEURS DE THÉÂTRE

 

J’ai pris des cours de théâtre très tôt. Parce que je savais que c’était ma passion, très tôt. Mais ce n’est que lorsque j’ai décidé de me plonger dedans que j’ai vraiment évolué. J’ai décidé de prendre le théâtre comme option au baccalauréat et à cette époque j’étais également inscrit au conservatoire de ma région.

 

À un rythme effréné j’enchainais les cours que j’avais au lycée, je courrais en cours de théâtre pour aller le jour suivant suivre un cours de chant puis le jour d’après un cours de danse suivi ensuite d’un cours de théâtre puis de plusieurs autres cours de théâtre et encore d’autres de danse. Le tout agrémenté de répétitions pour des projets que nous avions entre élèves.

 

J’avais environ 10h de théâtre, 10h de danse et 2h de chant par semaine, en plus de mes cours au lycée. Toutes ces heures de travail acharné m’ont donné la chance de monter des pièces des théâtre, de diriger une comédie musicale, de jouer sur des scènes régionales comme sur des scènes nationales.

 

Avec autant de cours, je me souviens aussi de tous mes professeurs, de chacun d’eux et des choses qu’ils m’ont appris. Je me souviens d’un spectacle pendant lequel je devais m’étouffer avec une pomme pour m’aider à articuler, d’un autre où je devais – comme mes autres camarades – être en porte jarretelle, ou encore de spectacles joués dans la rue.

 

Ce n’est pas forcément évident d’accepter la critique de la part d’un de ses professeurs. Ou simplement pas évident pour un adolescent d’accepter d’être mis en porte-jaretelle. Et pourtant, c’est là où on apprend à digérer les choses et à exécuter les consignes quand on se rend compte qu’elles sont respectées par d’autres. Et on se rend même compte après coup que c’est cette même consigne, qui a été le plus dur à accepter, est celle qui nous a le plus appris et le plus fait grandir.

 

Comme dans la vie, ce sont les épreuves les plus difficiles qui sont celles qui nous apprennent le plus sur nous ou sur la vie elle-même.

Pendant les répétitions au théâtre, je me suis retrouvé par terre à ramper. J’ai fais le clown – à proprement parlé – et trouvé mon personnage de clown dont je me souviens encore aujourd’hui. Son nom c’était Musy, celui d’une de ses amies était Linobu. J’en ai appris des lignes de texte, j’en ai passé des concours et des examens de théâtre.

 

Parce que c’est ça aussi le rôle d’un professeur de théâtre, de pousser son élève à aller rencontrer ses failles pour dépasser ses limites et se dépasser lui-même. Ou comme le dirait une de mes anciennes professeure de théâtre :

 

 

“Jamais la souffrance et l’humiliation ne doivent monter sur un plateau… Ce qui fait d’un artiste un être unique sont ses pudeurs, ses limites, ses failles… La confiance est nécessaire… « Se mettre en danger » sur un plateau comme on dit, c’est pour moi connaître ces « failles »… et les accepter peu à peu, les aimer comme des qualités, des qualités uniques, et les laisser « à voir », « à donner », « à partager »… jamais les franchir… Comme sauter au dessus d’une haute haie, on s’y cogne, on fatigue, on abandonne, dans le plaisir, dans le jeu ! Pas en force, pas dans le défi… On tente, on re-tente, pourquoi pas, dans le jeu, parce qu’on en a envie… Si on a envie…”

Karine Vuillermoz

 

Bien entendu, on ne peut pas tout faire dans la vie, et même si j’étais à cette époque en train de trouver ma vocation, j’en restais par ailleurs un adolescent et tout cela n’est malheureusement pas compatible avec la préparation d’un diplôme. C’est la raison pour laquelle j’ai du repasser mon baccalauréat l’année suivante pour le réussir.

 

Certains de mes professeurs de théâtre ne sont plus de ce monde, avec d’autre les choses se sont terminées avec fracas. Mais quoi qu’il en soit, je suis reconnaissant pour tout l’enseignement qu’ils m’ont apporté.

 

Un professeur ne sera jamais similaire à un autre et c’est là toute la magie, c’est là que l’on se fait sa propre identité. On prend ce dont on a besoin et on change pour se perfectionner et aller de l’avant.

 

Et puis on recommence. On s’entraîne, on se déguise, on trébuche, on apprend, on répète et on stress avant le retour en scène.

 

L’EXPERIENCE DE LA SCÈNE

 

J’arrivais par l’entrée des artistes. Armé de mes 2 valises et de mon sac à dos, toutes mes affaires était prêtes, il ne manquait plus qu’à ce que je me prépare tranquillement.

 

Tranquillement est un grand mot ; les coulisses d’une si grande scène peuvent accueillir de nombreux artistes et le sous-sol du théâtre grouillait comme une fourmilière. Je répétais mon texte et au fur et à mesure que le stress montait, je courrais aux toilettes et je me laissais emporter par l’excitation par la même occasion. Dans ces moments là, je ne peux pas m’en empêcher, je ne tiens pas en place, je rigole pour pas grand chose et j’agace mes collègues qui eux ont besoin de calme avant la représentation.

 

Nous y voilà.

 

Tout est prêt.

 

 

Nous sommes dans les coulisses de la scène cette fois-ci, on peut apercevoir le public déjà captivé par ce qui se passe sur scène.

piece de theatre

 

C’est bientôt notre tour.

 

Il faut tout donner. On commence à trembler un peu mais il ne faut pas y penser. Il faut se laisser aller et s’amuser, profiter.

 

C’est à nous. Le moment est tellement prenant qu’il passe en quelques instants. Il y a quelques erreurs mais rien que le public ne peut remarquer. Après tout, il ne connait pas le texte. Alors on continue à tout donner. Ça y est, le moment que je redoutais est arrivé. J’ai réussi à la dernière répétition, ça va le faire.

 

Et c’est déjà terminé.

 

Le stress retombé, on laisse tomber le personnage et on retourne sur scène pour recevoir les applaudissements du public. Dans une si grande scène, les applaudissements génèrent presque des rafales de vent tellement le public est nombreux. J’en ai encore des frissons.

 

On sort de scène et on entend encore les gens applaudir. Dans le métier, cela veut dire qu’il faut retourner sur scène, qu’ils veulent nous revoir. Et qu’est ce que j’ai encore envie de voir le visage de ces inconnus sourire et nous applaudir. On a fait du beau travail. On oublie pas non plus de faire un signe vers la régie, eux aussi ont fait du beau travail, on se retourne et on disparaît dans les coulisses.

 

On s’applaudit les uns les autres, on se prend dans les bras, on rigole, on pleure de joie. Ça y est, le stress est retombé. Certains vont rentrer car ils sont trop fatigué et d’autres vont aller boire un verre pour fêter ça! On joue demain mais c’est pas grave, c’est important la cohésion de groupe!

 

Ben Gananda jouant en femme
Faire ressortir sa féminité

 

Le théâtre, c’est un peu comme une drogue. Une fois qu’on a goûté à la scène, on a envie d’y retourner. Encore, et encore.

 

Le théâtre t’apprend à parler, à écouter, à s’allier aux autres, à se dépasser, à ressentir les choses ; il aide à t’appréhender toi-même, augmente ta culture générale, te rend créatif et t’aide à gérer ton stress. J’en ai certainement oublié mais voilà tous les bienfaits que le théâtre a pu m’apporter.

 

Quand on est dans le feu de l’action et qu’on fait des petits spectacles qui pour certains deviennent grand et t’apporte simplement de la joie, on ne se rend pas compte des exploits et c’est en écrivant ces lignes que je me rends compte de la chance que j’ai pu d’avoir de jouer dans de si nombreux spectacles. Et c’est cela aussi le théâtre, c’est se créer des opportunités, aller à la rencontre des bonnes personnes et se heurter aux mauvaises, apprendre et se relever de ses erreurs.

 

RENCONTRE AVEC DES PASSIONNÉS

 

C’est en voyant les professionnels jouer que j’ai encore plus envie de jouer à mon tour. De les voir se mouvoir sur scène et vivre de leur passion est tellement encourageant que cela donne presque des ailes.

 

La dernière grande dame de théâtre que j’ai rencontré nous a quitté il y a de cela quelques mois. J’ai joué dans une pièce de théâtre avec elle, c’est comme ça que je l’ai connu. Elle a toujours voulu faire du théâtre mais n’a pas pu en faire avant la retraite, à 60 ans. A partir de cet âge là elle ne s’est pas arrêté, a vécu telle une Edith Piaf à s’épuiser sur scène et à venir répéter quoi qu’il arrive et peu importe les douleurs physiques, la scène c’était son remède. Elle est partie à l’âge de 87 ans, je l’ai connu à la fin de sa vie et elle m’a beaucoup appris.

 

La voir se donner de cette façon à son art montre que l’âge n’a pas d’importance et qu’il faut continuer à croire en ses rêves. Le rôle qu’elle tenait avait été pensé pour elle, qui ne pouvait plus marcher très longtemps, elle avait ce que l’on peut appeler un scooter électrique pour personne âgée qu’elle conduisait pendant la représentation. Ce qui fait qu’elle ne pouvait pas utiliser son corps pour jouer et l’aider à faire passer des émotions. Elle n’en avait pas besoin, elle était tellement dans son jeu que sa voix suffisait à faire passer ce qu’elle voulait. Du grand art.

 

Cette dame m’a rappelé qu’il faut se battre jusqu’au bout pour faire ce que l’on aime, qu’il faut aller de l’avant et ne jamais renoncer. Toujours y croire. La vie s’occupe du reste.

 

C’est ce genre de leçon que l’on apprend quand on fait du théâtre. Des leçons de vie qui nous marquent et qui font de nous de nouvelles personnes. Des personnes capables de transmettre et de faire vivre un peu d’amour, de joie et de larmes, le temps d’une représentation.

 

Grâce à lui, tu pourras faire des collaborations avec des personnes qui partagent ta passion, créer à l’infini et intégrer tout ce que tu voudras à ton art, du cirque, de la danse, du cinéma, des marionnettes, de la cuisine ou que sais-je …

 

RENCONTRE AVEC SOI-MÊME

 

C’est grâce à ma passion que j’ai pu rencontrer des grands noms du théâtre et du cinéma, que j’ai pu m’exercer à jouer devant une caméra, me faufiler sur les plateaux de tournage, remonter le temps au sein même d’un château du Xe siècle, me produire en extérieur ou même diriger des comédiens.

 

C’est grâce à toutes ces expériences que j’ai pu me trouver moi-même et m’appréhender pour mieux grandir et me faire ma place dans cette vie et ce monde. Aujourd’hui, je sais jouer mon propre rôle avec sincérité et sérénité.

 

Le théâtre t’aidera à voir la vie différemment et à ne plus vous prendre au sérieux.

 

Tout comme je l’expliquais dans mon article Le Yoga Comme Voie de Transformation, le théâtre aussi est comme une allégorie de la vie. On y travaille en “communauté”, ou comme on dit, en “compagnie”. Ce n’est pas pour rien que l’on appelle cela des compagnies de théâtre et c’en est tout le principe ; c’est un terrain de jeu pour la vie réelle.

 

Si je vais au théâtre et que je me rend compte tout à coup que mon corps n’est plus adossé au siège et que j’ai la bouche ouverte devant la scène c’est que je suis sur que la pièce que je suis en train de regarder est une grande pièce artistique.

 

Je ne sais pas si tu es d’accord avec moi, mais la magie de la vie se trouve dans ce genre de moments et elle peut être apparaitre à chacun de nous.

 

 

Et toi, quelle est cette passion qui t’emporte, qui te transforme et qui ravive une flamme à l’intérieur de toi, qu’elle seule puisse raviver?

 

Ai-je réussi à te donner envie de monter sur scène?

 

N’hésite pas à commenter!

 

 

 

« Jouez bien ou jouez mal, mais jouez sincèrement. »

Constantin Stanislavski

 

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